J’ai créé ce blog parce qu’à force de jouer, j’ai fini par regarder autrement. Passionné de jeux de société depuis mon enfance, je suis aujourd’hui ludothécaire.
J’observe mes ami-e-s, les usager-e-s réagir à ce que je leur propose. J’écris donc depuis mon expérience. Un jour, assez fan de l’auteur, je me suis précipité sur Chu Han un jeu de Tom Lehmann. Sur la boite, une énième typographie “est-asiatique”. Un détail, peut-être, mais qui m’a sauté aux yeux.
Ce n’était pas la première fois : les typographies “exotiques”, les visuels “orientaux”, les stéréotypes déguisés en folklore, tout cela raconte quelque chose. Quelques semaines plus tôt un ami me ramenait Bambou et un autre jeu faisant l’actualité ludique.
Et plus je regardais, plus je voyais que le jeu de société n’est jamais neutre.
On aime penser que le jeu, c’est juste pour s’amuser, mais comme toute production culturelle, il reflète le monde qui l’a produit. Il porte nos imaginaires, nos hiérarchies, nos oublis. Il raconte qui a le droit d’être représenté, et comment.
Et quand on prétend que ce n’est “pas politique”, on choisit simplement de ne pas voir.
Ce blog est né de cette envie : penser le jeu autrement. Non pas pour gâcher le plaisir de jouer, mais pour le comprendre, le rendre plus conscient, plus ouvert. Ici, on parle de jeux, d’images, de récits, de pouvoir, de culture. On questionne ce que nos boîtes de jeu disent du monde, et ce qu’elles pourraient dire différemment.
J’ai vu des milliers de personnes jouer, rire, s’émouvoir, réfléchir. Et j’ai compris que jouer, c’est toujours aussi raconter.
Alors, si ce blog peut aider à regarder le jeu comme un objet culturel à part entière, à bousculer un peu nos habitudes, à ouvrir des discussions, tant mieux.
Parce qu’au fond, rien n’est vraiment apolitique, pas même un lancer de dé, une carte jouée ou un mime réalisé.